UA-75784826-1

Eux vieillissent, leurs enfants en situation de handicap aussi

Ils ont dépassé les 70 ans et accompagnent au quotidien leurs enfants en situation de handicap devenus adultes, parfois proches de la retraite. De quoi demain sera fait ? Pour aider ces parents à vieillir sereinement, l’antenne de Quimper de l’Adapei lance des pistes.

Ils « fatiguent ». Dans leur tête tournent des questions sans réponse. Maryvonne, Yves, Colette, Paul ont 77 ans, 84 ans, 70 ans. Ces Finistériens sont parents d’enfants en situation de handicap, aujourd’hui adultes, parfois proches de la retraite. Ils font « le taxi » le week-end, patientent dans les files d’attente des administrations, gardent un œil sur le ménage, la lessive, prêtent leurs épaules en cas de coup de blues, sont les garants du compte bancaire.

 

« A 44 ans, déjà entré dans le vieillissement »

 

« Je vis pour eux », glisse Maryvonne, dynamique maman de Jean-Pierre, 58 ans « qui ne lit pas, n’écrit pas ». Papa d’une fillette de 12 ans, il vit en couple avec sa compagne, également en situation de handicap. Colette, 70 ans, a fait le choix d’installer Gildas, en situation de polyhandicap de 44 ans, dans un appartement HLM, « à 300 m de chez moi. Le foyer qui l’accueillait ne l’acceptait plus. Déjà entré dans le vieillissement, il travaille à mi-temps ».

Autour de la table, au siège de l’antenne de Quimper de l’ADAPEI 29 (Association départementale de parents et amis des personnes handicapées mentales), le constat est partagé : « On bricole tous ». Paul, 77 ans, les yeux dans le vague, dit se faire du souci : «  Mon fils de 35 ans vit en foyer d’hébergement à proximité de son travail. Au moment de la retraite, il devra le quitter … ».

Le frère de Gaël, aide-cuisinier de 40 ans, a assuré qu’il veillerait sur lui après la disparition des parents. Les sœurs de Gildas et de Jean-Pierre ont pris le même engagement : « C’est très lourd pour les fratries, commente Jean-François Quillien, responsable de l’antenne quimpéroise de l’ADAPEI 29. Et cette solidarité familiale n’est pas permise à tous ».

L’inquiétude sourde : de quoi sera fait demain ? « A nous de lancer des pistes », commente Jean-François Quillien. L’association lance une série de rencontres sur le thème des personnes en situation de handicap vieillissantes, après avoir organisé des groupes de parole, en juillet 2018.

 

200 travailleurs d’Esat à la retraite en plus à venir

 Le responsable interpelle les pouvoirs publics mais aussi les élus, les professionnels, alors que le Département prépare son nouveau schéma pour la politique du handicap : « Dans le département, près de 200 travailleurs d’Esat (Etablissement et service d’aide par le travail) vont arriver à la retraite dans les cinq années à venir », relève le bénévole, qui considère que « le conseil départemental n’a pas pris la mesure de ce que représente, quantitativement et qualitativement, la question du vieillissement des personnes en situation de handicap ».

Résidence proche de l’ancien lieu de travail, « pour retrouver les copains », substitut familial, auxiliaire de vie … les parents ont des idées. « Regardons aussi les dispositifs qui existent en France, à l’étranger, propose Jean-François QUILLIEN. Il n’y a pas une réponse mais des réponses adaptées à chacun. Nous souhaitons que les parents soient sur un pied d’égalité. Qu’ils puissent vieillir sereinement, rassurés quant à l’avenir de leur enfant vieillissant ».

 Ouest France - Quimper - 20 mars 2019 - Nelly Cloarec

Les commentaires sont fermés.