Une grande concertation sur l'enfance en danger est enfin lancée le 27 mars 2019. Le handicap figure parmi les 6 axes de travail. 25 % des enfants placés présenteraient des troubles dus aux négligences et maltraitances. Un enjeu majeur de société...
Elle était annoncée il y a un an et demi et arrive enfin. Le 27 mars 2019, Adrien Taquet, secrétaire d'Etat, et Dominique Bussereau, président de l'Assemblée des départements de France (ADF) lance une grande concertation pour améliorer la protection de l'enfance, en présence de tous les acteurs du secteur (départements, associations, administrations, enfants placés ou anciennement placés et familles).
Un groupe de travail handicap
Parmi les six groupes de travail (ambition scolaire, pilotage de la politique publique, sécurisation des parcours, développement d'un accueil de type familial, transparence des lieux d'accueil), l'un concerne les enfants en situation de handicap et vise à « répondre aux besoins éducatifs, médicaux et médico-sociaux de ceux qui cumulent mesures de protection et handicap ». En effet, parmi les 300 000 mineurs pris en charge par l'ASE, en moyenne 25 % présentent un handicap. Il s'agit souvent de troubles psychiques, « en lien avec les maltraitances, carences ou négligences dont ils ont été victimes », affirme Adrien Taquet, qui déplore qu'ils doivent « parfois attendre longtemps avant de disposer d'un accompagnement adapté sur le plan sanitaire et médico-social ». Son communiqué rappelle qu'un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups d'un membre de sa famille !
Question à l'ordre du jour
Le Cese (Conseil économique, social et environnemental) constatait déjà dans un rapport rendu public en juin 2018 que ces troubles « ne sont pas toujours visibles pour des individus non formés » et peuvent donc être ignorés ou associés aux autres difficultés du jeune et, donc, « non traités efficacement ». En février 2019, la HAS (Haute autorité de santé) présentait, elle aussi, les travaux qu'elle a engagés dans ce domaine pour aider les professionnels à améliorer leurs pratiques (article en lien ci-dessous).Cette concertation entend donc, à son tour, se pencher sur cette réalité épineuse.
Un enjeu d'Etat ?
Les groupes de travail se réuniront chaque mois entre avril et juillet 2019. La restitution de leurs travaux est prévue fin juin pour alimenter le Pacte national pour la protection de l'enfance qui sera annoncé courant juillet, avec des « propositions concrètes », selon le gouvernement. En créant un secrétariat à la protection de l'enfant en janvier 2019, ce dernier entendait « en faire un sujet de société ». En 1983, l'État a confié la protection de l'enfance aux départements, avec une grande disparité de traitement. In fine, Adrien Taquet promet donc de réfléchir à « un meilleur pilotage de l'aide sociale, qui pourrait être partagé entre les départements et l'État. Réintroduire, aussi, un peu de contrôle », en harmonisant les pratiques.
29 mars 2019 - Par Handicap.fr - Emmanuelle Dal'Secco