Le gouvernement dévoile sa stratégie 2020-2022 en faveur des aidants le 23 octobre 2019. 17 mesures : congé rémunéré, mobilisation des entreprises, solutions de répit... Au total, 400 millions d'euros de budget. Pour 8 à 11 millions d'aidants ?
Le gouvernement, en visite à Chamarande (Essonne), dévoile le 23 octobre 2019 sa Stratégie de mobilisation et de soutien aux aidants portant sur la période 2020-2022. On estime entre 8 et 11 millions le nombre de Français qui soutiennent un proche en perte d'autonomie. Un nombre qui ira crescendo dans les années à venir. Un actif sur quatre pourrait avoir à endosser ce rôle en 2030. Dans ce contexte, Edouard Philippe a demandé à deux ministres, Agnès Buzyn (Santé) et Sophie Cluzel (Handicap), « d'élaborer une véritable politique publique ». Le Premier ministre promet qu'elle ne sera pas « figée » et « pourra naturellement évoluer ». Un premier bilan sera rendu à l'occasion de la journée nationale des aidants du 6 octobre 2020. Un budget de 400 millions d'euros est prévu sur 3 ans, dont 105 consacré au répit.
Deux mesures étaient très attendues par les parents d'enfants handicapés : le dédommagement de l'aidant par la PCH (prestation de compensation du handicap) est défiscalisé (il ne sera plus imposable ni soumis aux prélèvements sociaux actuellement de 6.4 % au titre de la RDS et CSG) à compter de janvier 2020 tandis que la PCH aidant familial sera cumulable avec le RSA dès mai 2020.
Un congé rémunéré
Cette stratégie prévoit par ailleurs « 17 mesures clés », définies en 6 priorités. Parmi elles, le congé de proche aidant indemnisé, dès octobre 2020, avait déjà été annoncé en septembre (article en lien ci-dessous). Il sera de trois mois maximum sur l'ensemble de la carrière, rémunéré 43 euros par jour pour les personnes vivant en couple et 52 euros pour une personne seule. Il pourra être pris dès l'arrivée dans l'entreprise sans attendre un an comme auparavant. Par ailleurs, il ne comptera plus dans le calcul des droits au chômage pour éviter une baisse des allocations et sera pris automatiquement en compte pour le calcul du droit à la retraite.
Mobiliser les entreprises
Un autre axe concerne la mobilisation des entreprises qui, selon le gouvernement, vont « devoir s'adapter » parce que près de la moitié des aidants occupent un emploi. Et de mentionner le nouveau label Cap'Handéo « Entreprise engagée auprès de ses salariés aidants » qui constitue un levier pour les entreprises souhaitant mieux soutenir leurs salariés (article en lien ci-dessous). Dans ce contexte, l'une des mesures prévoit l'assouplissement du congé de présence parentale et de l'allocation journalière de présence parentale, qui pourront être pris de manière fractionnée, par demi-journées, dès janvier 2020. Les parcours professionnels de ceux qui ont dû arrêter de travailler durant longtemps seront facilités dès 2021, avec notamment un nouveau système de reconnaissance de l'expérience acquise en tant que proche aidant. Le soutien aux proches aidants est également inscrit, dès 2020, parmi les thèmes de la négociation obligatoire dans les entreprises et parmi les critères de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
Vers plus de répit
Epuisement, fatigue, maladie, dépression, les aidants sont eux-mêmes fragilisés et réclament du répit. « Nous sommes avant tout des aimants, pas des aidants, témoigne Christèle, maman de Balthazar. Pour autant la maladie est une route sans fin. Il nous faut des moments de pause ». Pour faire face, la stratégie prévoit le lancement d'un plan national de renforcement et de diversification des solutions de répit, adossé à un financement supplémentaire de 105 millions d'euros sur 3 ans. « D'ici 2022, quelque 200 000 solutions de répit supplémentaires, soit le double qu'actuellement », seront créées, a promis Sophie Cluzel. L'État s'engage par ailleurs à « simplifier » les démarches administratives pour l'accès à des solutions d'accueil temporaire de personnes en situation de handicap ; le passage complémentaire devant la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) pour bénéficier d'une orientation vers une structure de répit sera supprimé par décret début 2020. Et « parce que le répit ne se conçoit pas seulement à travers l'intervention de structures spécialisées », une expérimentation sera conduite en 2020 pour favoriser l'accueil dans les centres de vacances de droit commun des familles avec enfants en situation de handicap.
31 % des aidants négligeant leur propre santé, une enquête sur la « compréhension des risques » sera menée en 2020 tandis qu'un « réflexe proches aidants » doit être instauré chez les professionnels de santé ou d'accompagnement à compter de 2020, ainsi que l'inscription du rôle d'aidant dans le dossier médical partagé (DMP).
Epauler les jeunes
40 % des jeunes aidants ont moins de 20 ans et 13 % entre 13 et 16 ans (enquête Novartis/Ipsos juin 2017). A cet égard, le plan leur consacre un volet spécifique qui prévoit la sensibilisation des personnels de l'Éducation nationale via, dans un premier temps, une expérimentation lancée en 2020 dans deux régions (Île-de-France et Occitanie). L'aménagement des rythmes d'étude (condition d'assiduité et examen) pour les étudiants aidants est également à l'ordre du jour dès fin 2019.
D'autres mesures… Parmi elles, dès 2020, la mise en place d'un numéro de téléphone national de soutien et la création d'un réseau de lieux d'accueil labellisés « Je réponds aux aidants ». Dès 2022, une plateforme numérique dédiée doit également voir le jour, ainsi que la « diversification et le déploiement des offres d'accompagnement par des professionnels et des pairs dans tous les territoires ». Objectif : plus de 450 000 aidants accompagnés !
23 octobre 2019 • Par Handicap.fr / E. Dal'Secco