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Les associations se serrent les coudes

Demandes de la société et mutations des politiques publiques. Les associations qui accompagnent les personnes handicapées dans l’emploi et la vie quotidienne ont décidé de se rapprocher pour défendre les valeurs sociales qui pourraient être mises à mal. Illustration en marge de l’AG de Kan Ar Mor(*).

 

Le gouvernement a fait de « l’inclusion » des personnes handicapées en milieu ordinaire, à l’école, à leur domicile ou au travail, une priorité. « L’accompagnement social à domicile des personnes handicapées qui ont une autonomie suffisante est effectivement pour nous un enjeu stratégique car il y a demande de la société », confirme Sébastien Maillard, le directeur général de l’association Kan ar Mor depuis 2018.

 

« Le gouvernement a aussi commandé une étude sur l’avenir des établissements d’aide par le travail, rappelle André Guéguen, le président de Kan Ar Mor depuis neuf ans. Il part du principe que le nombre de sorties des travailleurs handicapés vers le monde de l’entreprise n’est pas suffisant ». Le but est donc d’être plus contraignant pour que les entreprises ordinaires respectent le quota obligatoire de travailleurs handicapés (6 %).

 

« Risque de dérive »

 

« Nous nous inscrivons dans cette volonté, mais encore faut-il que le monde de l’entreprise soit prêt à embaucher des travailleurs handicapés dans le contexte économique actuel. Qu’elles prennent en compte la diversité des handicaps », insiste le président de Kan Ar Mor. « Il y a un risque de dérive si en plus les quotas de sortie de travailleurs des Esat sont augmentés », ajoute André Guéguen.

 

Il nous faut être plus intelligent qu’une logique économique qui peut nous faire perdre le sens nos missions sociales pour les plus vulnérables.

 

Cette politique comptable pourrait, en effet, inciter les associations à privilégier les travailleurs handicapés les plus employables, au détriment des personnes les plus vulnérables. « Pour notre part, nous travaillons déjà beaucoup avec de nombreuses entreprises du territoire, comme Armor Lux, Cummins, Chancerelle… », rappellent les deux dirigeants.

 

Non à la concurrence

 

Les associations sont aussi confrontées à la politique d’appel d’offres mise en place par le conseil départemental du Finistère. « Cela met en concurrence les associations, constate André Guéguen. Il nous faut être plus intelligent qu’une logique économique qui peut nous faire perdre le sens nos missions sociales pour les plus vulnérables ».

 

Les usagers accompagnés n’appartiennent pas à une association ou un autre.

 

Pour répondre à ce défi, les associations gestionnaires finistériennes se sont rapprochées et une dynamique collective se met en place. « Les usagers accompagnés n’appartiennent pas à une association ou un autre, résume Sébastien Maillard. S’il y a une réponse plus adaptée pour une personne chez nos collègues, il faut des passerelles ». Cette « intelligence collective » est ainsi partagée par Kan ar Mor et les autres acteurs Papillons Blancs, Genêts d’Or, Massé-Trévidy, Sevel Services…

 

Co-construire les politiques

 

« Nous revendiquons la co-construction des politiques avec le Département », souligne André Guéguen. Un objectif d’autant plus important que les finances sont toujours tendues, les budgets, soutenus par le Département, la Région, évoluant moins vite que le coût de la vie et la valeur du point de la convention collective pour les personnels.

 

Car les défis sont toujours plus importants, notamment sur celui de l’hébergement et l’accompagnement des personnes âgées, un secteur qui partage les mêmes problématiques que celui des personnes handicapées. Le chantier ici est encore à préciser. Ce sera le travail du nouveau projet associatif pour les cinq ans mis en chantier. Il pourra au moins s’appuyer sur une « situation financière solide ».

 

 

(*) Kan AR Mor tenait son assemblée générale, vendredi 28 juin, à Quimper. L’association compte 29 établissements en Cornouaille dont cinq établissements et services d’aide par le travail (Esat), 1 000 personnes accompagnées, 490 salariés en CDI, 35 M€ de budget annuel.

 

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