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Grand débat et handicap : le top 4 des réclamations

La revue "Faire-Face.fr" a dressé la liste des revendications sur le handicap qui émergent parmi les contributions déposées sur le site du grand débat national. Les citoyens demandent au gouvernement de réformer les règles de l’AAH en couple, du départ à la retraite pour handicap et du fonctionnement des MDPH.

un grand débat, quatre thèmes de discussions et plus de 180 000 contributions en ligne. Impossible, vu la configuration du granddebat.fr, de réaliser une étude exhaustive sur leur contenu.

Mais au moins plusieurs centaines avancent des propositions sur la politique sociale du handicap. Et certaines revendications reviennent de manière récurrente. AAH : supprimer la prise en compte des revenus du conjoint

C’est le sujet qui semble fâcher le plus les citoyens handicapés ou leurs proches ayant pris la peine de rédiger une contribution. Pour calculer le montant de l’AAH, les Caisses d’allocations familiales additionnent les ressources des deux partenaires. Si le conjoint, concubin ou pacsé gagne moins de 1 140 € nets par mois, le demandeur en situation de handicap, sans autres revenus, percevra l’AAH à taux plein. Au-delà, son montant diminue progressivement pour devenir nul dès lors que les ressources du conjoint dépassent un certain seuil. « Cela met en péril notre couple car, en plus de mes problèmes de santé, nous avons des problèmes d’argent. J’ai honte de dépendre financièrement de ma compagne. J’aimerais travailler mais je ne peux pas, témoigne cet homme. C’est la triple peine : malade, pas de revenus donc dépendant du conjoint et problème dans le couple ».

Plus de 180 000 contributions ont été déposées en ligne.

Retraite : faciliter le départ des travailleurs handicapés
« Un travailleur handicapé a plus de difficulté pour assurer ses tâches en fin de carrière. Et il est souvent absent à cause de son ou de ses infirmité(s), pointe Éric Roblain, un autre contributeur. Il faudrait réformer le système » de retraite anticipée.
Liquider sa retraite avant l’âge légal de 62 ans en raison de son handicap, c’est en effet possible… mais difficile. Seules les personnes ayant été handicapées durant une grande partie de leur vie professionnelle peuvent partir entre 55 et 59 ans. Exemple : un travailleur qui souhaite arrêter de travailler à 55 ans devra avoir cotisé 27 à 28 années en situation de handicap.
De plus, il devra le justifier. Ce qui est loin d’être évident. Une commission de rattrapage a bien été créée pour examiner les dossiers dans lesquels certaines pièces manquent. Mais elle ne devrait pas rattraper grand monde, tant ses critères sont restrictifs.

Maisons départementales des personnes handicapées : à réformer

Des contributeurs demandent que les MDPH traitent plus rapidement les demandes. 
De nombreux contributeurs n’en peuvent plus d’attendre une réponse de leur MDPH. Comme Nataly qui dénonce « l’extrême lenteur dans le traitement des dossiers ». En 2016, les adultes ayant déposé une demande ont dû patienter 4 mois et 15 jours avant d’obtenir une réponse. Mais le délai varie selon le type de dossier. Dans certains départements, il peut atteindre onze mois. D’autres se plaignent de la complexité des démarches ou de leur caractère répétitif. « À chaque fois que je formule une demande de prestation de compensation du handicap pour l’aménagement de ma maison, l’adaptation de mon véhicule ou le changement de fauteuil, je dois remonter le dossier dans son intégralité. Alors que mon handicap ne
bougera jamais », regrette J. Cassagnettes.
Le gouvernement n’a pas attendu le grand débat pour engager la simplification des formalités administratives : l’AAH peut désormais être attribuée à vie ; et l’AEEH, jusqu’aux 20 ans de l’enfant. De plus, toutes les MDPH devraient être dotées d’un nouveau système informatique, commun, d’ici la fin de l’année. Reste à voir quel en sera l’impact sur les temps de traitement.

Pouvoir d’achat et justice fiscale : à améliorer
D’autres préoccupations reviennent régulièrement dans les contributions. Souvent liées au pouvoir d’achat et au sentiment d’injustice fiscale. Comme cette demande récurrente de baisser, voire supprimer, la CSG sur les pensions  d’invalidité. Certes, le gouvernement a annulé la hausse de la CSG pour les pensionnés d’invalidité… si les ressources de leur foyer sont inférieures à un certain plafond. Mais cette mesure est insuffisante, de l’avis de nombreux contributeurs.
D’autres demandent au gouvernement d’exonérer de toute taxation la PCH versée aux aidants. Aujourd’hui, les sommes perçues par un aidant familial sont en effet soumises à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux.
Enfin, sans surprise, des citoyens réclament la hausse de l’AAH. « Au niveau du Smic », réclament certains. Le rêve est à portée de clic.

Une plateforme dédiée au handicap

La plateforme d’APF France handicap est ouverte jusqu’au 15 mars. APF France handicap a lancé, mercredi 6 février, sa propre plateforme collaborative de consultation citoyenne. « Les quatre thématiques proposées par le grand débat national n’abordent pas les préoccupations spécifiques des personnes en situation de handicap et de leur famille », précise l’association.
Sur son site, cinq projets participatifs dédiés au handicap sont donc proposés : l’accès à la cité, l’emploi, la vie familiale, etc. Les participants y trouveront des propositions sur lesquelles réagir librement, voter pour ou contre et exprimer de nouvelles idées.
L’ensemble des contributions recueillies sera rassemblé dans un document adressé à la Mission grand débat. Une manière de faire entendre la voix des personnes handicapées avant qu’Emmanuel Macron ne clôture la Conférence nationale du handicap, en juin 2019.

Faire Face - 7 février 2019 - Franck Seuret

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