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Conférence nationale du handicap : des annonces présidentielles séduisantes sur le papier

Lors de la Conférence nationale du handicap, Emmanuel Macron a fait aujourd’hui des annonces susceptibles, si elles se concrétisent, d’améliorer quelques aspects de la vie quotidienne des personnes handicapées. En particulier en matière de compensation et de ressources. Mais sans que ne se dessinent encore les modalités de financement.

Les attentes étaient fortes, les annonces du président de la République leur répondent en partie. Le 11 février 2020, s’est tenue la 5e conférence nationale du handicap, au palais de l’Élysée. Quinze ans, jour pour jour, après la promulgation de la loi de 2005. Alors que les personnes en situation de handicap ont le sentiment de voir leurs droits reculer, dans son discours conclusif, Emmanuel Macron a sans doute voulu déminer le terrain.

Pas d’AAH diluée dans le RUA
D’abord en matière de ressources. Il a affirmé que l’AAH ne serait pas transformée, ni diluée, ni supprimée au bénéfice du RUA, le futur Revenu universel d’activité. Il faut sans doute y voir une réponse à la protestation des associations représentatives des personnes handicapées. Le 4 février, les quatre plus grandes d’entre elles, dont
APF France handicap, ont en effet quitté la concertation autour de la mise en place de ce nouveau dispositif.
Restera à voir comment les deux revenus pourront s’articuler. Et si l’AAH ne risque pas, comme l’Aide personnalisée au logement, avant elle, de devenir un supplément au RUA.
Au sujet des retraites, Emmanuel Macron n’a fait aucune annonce. Il a juste rappelé que, dans le nouveau système, il demeurerait possible pour les personnes handicapées de partir plus tôt, sans décote. Il a aussi mentionné les congés de proches aidants, indiquant qu’ils ouvriraient des droits. Sans plus de précisions à ce stade.

Compensation : deux nouveaux droits
La compensation a occupé une part non négligeable de son temps de parole. Il a annoncé l’ouverture de cette prestation en aides humaines et techniques à la parentalité, jusqu’aux 7 ans de l’enfant de parents handicapés. Il a affirmé que l’État devait assumer le coût de cette mesure, sans que les départements ne le supportent.
Mais sans donner toutefois la moindre indication du montant ou de la façon de le prendre en charge. Les aides humaines intégreront aussi, désormais, la préparation des repas et la vaisselle. Rien, en revanche, sur une revalorisation des montants.
Il a promu la qualité d’usage, pour développer l’accessibilité, et promis un calendrier précis pour l’accessibilité des bâtiments publics propriété de l’État. Il a invité les candidats aux élections municipales à en faire un thème decampagne.

Éducation : des engagements incantatoires ?
L’éducation a donné lieu, quant à elle, à l’énoncé d’engagements qui pourraient bien être plus incantatoires que réels. Emmanuel Macron voudrait ainsi qu’à la rentrée prochaine, plus un seul enfant ne soit sans solution (ils étaient 8 000 en 2019).

Pour y parvenir, il a promis 11 500 recrutements supplémentaires d’accompagnants d’élèves en situation de handicap d’ici à 2022 et de les fidéliser en leur offrant un travail à plein-temps. Autres leviers mentionnés : la collaboration de l’Éducation nationale avec les établissements et services médico-sociaux ou un module de formation introduit à la rentrée prochaine dans le cursus des enseignants.

Une convention pour une plus grande équité territoriale
Enfin, la Conférence nationale du handicap a mis au-devant des préoccupations la mise en place d’une meilleure équité territoriale. Pour tenter de réduire les inégalités de traitement, l’État, l’Association des départements de France et les associations représentatives des personnes handicapées et gestionnaires de structures médico-sociales ont signé une convention d’engagements.

 

Premier engagements pris ? Justement celui de faire de l’équité territoriale un « impératif d’action ». Pour la rendre opérationnelle, deux accords de méthode sont énoncés. L’un sur le fonctionnement et le pilotage des Maisons départementales des personnes handicapées, l’autre relatif à l’évolution de l’offre médico-sociale.

Des ministres du budget absents
Plus de dix ministres étaient présents et ont pris la parole lors de cette matinée. À noter cependant l’absence de ceux du budget, ou des finances, pourtant a priori, eux aussi, concernés par la concrétisation des mesures
annoncées...
https://youtu.be/wpXhD57RhJc

Faire Face – 11 février 2020 - Sophie Massieu

 

 

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