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A Compiègne leur résidence efface les différences

Au 10 rue Saint-Germain, des locataires vivent au quotidien avec des personnes handicapées autonomes, partageant des espaces communs. Ouverte il y a trois mois, la résidence Arcs-en-ciel va aussi accueillir une crèche.

 

Le Parisien - Île-de-France & Oise - Oise - Compiègne - 6 mars 2019 - Stéphanie Forestier

À quelques pas du centre-ville de Compiègne se trouve une résidence extraordinaire, unique en France. Ouverte il y a trois mois, Arcs-en-ciel se décline en 25 logements, dont 7 sont dédiés à des personnes autonomes souffrant de troubles mentaux. Certaines sont autistes ou trisomiques, d’autres ont un retard intellectuel ou une fragilité émotionnelle.

Les créateurs de ce concept innovant, Jérôme et Véronique Bataille, les appellent des « personnes extraordinaires », qui vivent aux côtés des locataires valides : familles, célibataires, retraités… Chacun vit chez soi mais tous ont signé une charte de la bienveillance. « Nous demandons des coups de main, de préparer et partager des repas, de participer à des moments de vie ».

 

« J’en viens à oublier le handicap de mes voisins »

 

Marie-Astrid, 28 ans, a tout de suite adhéré. « J’en viens à oublier le handicap de mes voisins. On a un salon, une salle à manger et une cuisine en commun. On s’y retrouve naturellement. C’est un peu comme une place de village ». En cas de besoin, deux encadrants habitent sur place pour venir en aide aux locataires extraordinaires. Benoît, 21 ans, travaillait à l’Arche Oise. « On a tous nos fêlures. Je suis là pour les expliquer, les gérer ».

Dominique, 52 ans, est arrivée à l’ouverture. Fragilisée par de nombreux épisodes douloureux, dont certains l’ont mené au handicap physique, elle a trouvé son havre de paix. « Je suis restée des années au douzième étage d’une tour HLM. Les ascenseurs ne fonctionnaient pas souvent, j’y étais prisonnière. Je n’ai plus personne pour m’aider, ici, je ne suis plus seule ».

 

Bientôt un potager et une crèche

 

Bientôt, les résidents vont planter un potager et des herbes aromatiques dans le jardin. « On espère que cela plaira aux enfants, indique Jérôme Bataille. Et nous accueillerons en septembre une crèche de 11 places. Ça amènera de la gaieté ».

Pour Anne-Marie Dumortier, psychologue-psychothérapeute à Compiègne, cette résidence est « un exemple qui peut rompre la stigmatisation du handicap ». Selon elle, c’est une chance d’apprendre « à vivre en communauté et de développer un épanouissement sociopersonnel qui peut les aider à progresser dans leur contact avec les autres, avec le monde extérieur ».

 

Un investissement immobilier solidaire

 

C’est justement la source de la motivation des Bataille. Leur fils, Quentin, âgé de 27 ans, est atteint de trisomie 21. « Nous avons toujours voulu qu’il évolue dans un cadre normal, évoque Véronique Bataille. Il a eu une scolarité, il travaille. Nous voulions lui apprendre à être autonome pour qu’il puisse s’occuper de lui quand nous ne serons plus là ».

Arcs-en-ciel est une résidence privée, construite grâce à une quarantaine d’investisseurs qui ont tous versé entre 5 000 € et 50 000 €. « C’est un investissement immobilier solidaire. Nous louons nos logements dans la fourchette basse des tarifs de location, mais notre modèle économique est viable. Environ 500 € le deux-pièces. Mon rêve serait de voir d’autres résidences Arcs-en-ciel fleurir en France ».

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