UA-75784826-1

Accueil des enfants handicapés au Mans : des locaux inadaptés

L’équipe du centre d’action médico-sociale précoce dénonce le manque de place et la vétusté des locaux.
Objectif : améliorer la qualité des soins et accueillir davantage d’enfants.

« Camsp en galère = Camsp en colère ». Sur le site de l’hôpital du Mans, à deux pas du pôle femme-mère-enfant, le slogan s’étire sur une banderole tendue à l’entrée du centre d’action médico-sociale précoce (Camsp), centre de soins destiné aux bébés et jeunes enfants porteurs de handicaps ou de troubles du comportement.


Dans des préfabriqués depuis 1993 Banderole, réseaux sociaux, courriers aux familles et aux tutelles : l’équipe, direction comprise, dénonce la vétusté des locaux et le manque de place, sources de difficultés dans l’accueil des bouts de chou Et pour cause : l’équipe travaille dans des préfabriqués datant de… 1993 !
Activité et effectifs ont doublé
« On devait rester cinq ans. Depuis, l’activité et les effectifs ont plus que doublé », indique la pédiatre Geneviève Carrez, présidente de l’association de gestion du Camsp, chiffre à l’appui : 16 professionnels et 122 enfants suivis il y a vingt-cinq ans, contre 35 professionnels et 261 enfants aujourd’hui.


Face à la demande, l’équipe s’est adaptée. En ajoutant des cloisons pour créer de nouvelles pièces, exiguës. Comme la salle du kiné et celle de l’ergothérapeute qui ont pourtant besoin d’espace ou la salle d’attente dont la superficie a été réduite de moitié.


Table à langer entre le photocopieur et l’agenda 

Le bureau du médecin directeur sert de salle de réunion. Les parents changent les couches entre le photocopieur,
l’agenda et les archives. La cantine, où le sol se fissure, ne compte que huit places. « Depuis vingt-cinq ans, je
partage mon bureau avec la directrice adjointe. Il n’y a aucune confidentialité possible », ajoute Isabelle Joly,
comptable.
« C’est insalubre »
L’isolation ? Déplorable, y compris pour le bruit. « Si un collègue lance une activité musicale, ça va déranger la pièce d’à côté qui a besoin de calme », déplorent Émilie Libourel, Marina Périn, psychologues, et Camille Leboucher, éducatrice spécialisée : « C’est insalubre et on n’est plus aux normes, Les stores tombent, la porte coupe-feu grince, les fauteuils roulants adultes ne passent pas pour aller dans les salles ou les toilettes ».

Cris et pleurs dans le couloir


Parents et soignants doivent slalomer pour éviter poussettes, tricycles, coquilles et autres verticalisateurs qui encombrent le couloir, théâtre de scènes de pleurs ou de cris, sans solution de repli. « Les familles sont brutalement
projetées face à du matériel d’appareillage et des situations qui n’ont rien à voir avec leur problème ».
Promiscuité oblige, l’équipe a également dû mutualiser. Avec des conséquences fâcheuses : « Il faut changer de bureau en emportant notre matériel. On organise nos prises de rendez-vous quand on a un local disponible, mais les
créneaux ne sont pas forcément adaptés au rythme des enfants : tôt le matin, heure de la sieste, après l’école. On est une équipe soudée, on a toujours dû s’adapter, mais là, on en a marre ». « On ne peut pas recruter, faute de place »  Frustration d’autant plus forte que la liste d’attente compte une cinquantaine d’enfants en détresse. « Le plus aberrant, c’est qu’on nous a alloué un budget pour augmenter notre activité, mais on ne peut pas recruter, faute de place. Ce sont des crédits qui dorment ». Et des familles qui attendent : six mois pour un premier rendez-vous, à
nouveau six mois pour une éventuelle prise en charge. « Pour l’orthophonie, des enfants attendent depuis deux ans », se désole le Dr Carrez, en rappelant la mission de l’association : « La prise en charge précoce et rapide ». « On a monté un dossier, mais l’ARS fait la sourde oreille »
Financé à 80 % par la Caisse primaire d’Assurance maladie et à 20 % par le conseil départemental, le Camsp, qui loue ses locaux à l’hôpital, est un centre de dépistage précoce, de diagnostic et d’accompagnement d’enfants de 0 à 6 ans, pour tous les handicaps : moteurs, psychiques, sociaux.
La première demande de relocalisation date d’il y a dix ans. Depuis, rien n’a bougé. « On a 480 m 2 , on aurait besoin du double ». En mai 2018, à la demande de l’Agence régionale de santé (ARS), autorité de tutelle, l’équipe a monté un projet d’achat avec un plan d’investissement. « On est toujours sans réponse officielle. L’ARS fait la sourde oreille, mais on a compris que le projet était jugé trop coûteux », soupire le Dr Carrez.
Contactée, l’ARS répond par ce communiqué : « Il a été demandé au centre hospitalier et au Camsp de faire des propositions rapides et concrètes, sous l’égide du conseil départemental et de l’ARS, avec pour objectifs d’améliorer les conditions de travail et d’accueil ».

Les commentaires sont fermés.